Pour finir le semestre, trois poèmes de Mohamed Gassara, poète tunisien d’expression française et étudiant de Licence en Français (Langue, Littérature et Civilisation) à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Sfax.
je vautre
Mohamed Gassara
sur le verger d’une casserole
rouillée de pleurs,
des rires à pieds-nus,
de jeunesse fardée
Sur le front de la passion
Comme une moisissure médiévale incrustée au bas d’une villa vénitienne frottée par l’eau amoureuse, amputée du dos des canots je vis nourri de pierres et de cœurs en sueur, comme un caillou son écho sous des chaises en fer forgé où meurt la lascivité des dalles, sous un pont où illumine une bague à demi-jambe rectifiant la fresque humide du visage. Quelques vortex de chair luttent contre le stoïcisme des lèvres, l’éclat d’une caméra captent les pores joyeux des amis. Nul regard porté au vert-bleu moisi, nulle caresse décroûtant le dégoût nerveux, seule, la lame d’une rame vive comme un Everest en verre clivant l’abcès central de mon front.
Le vieil bonheur
Sous le feuillage épars du fenouil, potager en proie à des mains, je cours, je vautre sur le verger d’une casserole rouillée de pleurs, des rires à pieds-nus, de jeunesse fardée, jamais on n’a pitié de Bacchus, plaindre, poitrines chorales tambour végétal messie culinaire, vapeur au goût de tapis Rides obturées de vieux jargon il fait tempête osseuse, salive sur le fer des lucarnes doigts ségrégationnistes, jaunissement jetable, Elle, choisit une feuille bien prosternée pour l’hydre digestif, quelques larmes poivrées comme sur le vert-linceul assaisonnant le bonheur des vieilles.
La larme de Peruggia
Je transpercerai la graisse du portier, j’entrerai au Louvre céleste, je faufilerai entre les coups du Titien, le corps de Rodin, les momies de Mariette, je marcherai sur les dalles de l’Histoire, gosier voleur, mécène sans peur.. Je te chercherai parmi la poussière de l’humanité, à travers le soupir menaçant de l’art. Je t’arracherai comme une obsession dans le cerveau d’une stèle, je te mettrai face à la rafle de mes poumons, je poserai les défibrillateurs cardiaques sur les valves de ta toile, fuite prophétique, haleine sépulcrale, je verserai une larme, incompatible avec la doctrine de ta peau, défigurant ta couleur, décomposant ta chair, nostalgie brunâtre, insoluble sous la terre.
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