Corps à Corps | La Chronique de l’ACP

Xenia Hausner (1951 – ), Pure cool.


Pour fêter la rentrée, l’Atelier de Création Poétique de notre faculté présente 5 poèmes par Emma Gouverneur et Juliette Arnaudet, les nouvelles intégrantes de l’Atelier.


Juliette Arnaudet

Émotion passe par
Cette enveloppe
Malmenée

Juliette Arnaudet
Michael Philip Manheim, Reach (From Dancing Hand Series).
La faim de l’été
étincelles du peau à peau
au bout d’une danse
brûle ton corps

dans l’été
dire les creux de tes cernes
raviver ton sourire

tes cicatrices brillent
dans l’écho de mon chant
ton corps s’arrache à l’invisible

esquisse moins timide
ta peau prend le parfum des cigales
au bout de ma langue

Masques neutres
Corps de plomb
Émotion de plomb
Dans le corps

Quand je tente un geste jusqu’à toi
Le feu se propage
Crépitement le long de ma colonne vertébrale

Émotion bloquée au visage
Vulnérabilité de mon corps privé
D’une moitié de son âme

Émotion passe par
Cette enveloppe
Malmenée

Déconnectée
Trop connectée
A ton regard

Je sens sa crispation dans mes épaules
Le souffle court
Quand elle se fait violence

Pour que tu me voies
Mon souffle colle au corps
Émotion crée des larmes en moi

Agite mes bras
Ma tête
Mes jambes

Corps tout petit naît une première fois
A toi
Corps tout petit se déroule
Être nue, c’est

Devenir son masque sauvage
Regarder dans tes yeux
À travers une autre

Elle ressent une boule immense dans mon ventre
Elle ne pense à rien
Son dos, ses mains, ses pieds m’emmènent

Une autre en moi
Masque du Cœur
Elle habite tous mes gestes

En quelques minutes
Fébrilité
Mains moites

Agripper ce corps
Elle n’arrive plus à respirer
Elle tremble de s’être dévoilée

Je sors

Emma Gouverneur

A lieu dans le feu la fusion

Emma Gouverneur
La vache
Elles marchent, ensemble.
Elles marchent : aile plus aile.
Nous marchons, le sol tremble.

La brise caresse vos cheveux,
L’hiver vous fait cet aveu

Tu profites du bruit de la nature.
Lorsqu’elle décide de sortir son Pitch,
D’en éventrer le sachet,
D’en fourrer le contenu dans son bide.

Pour ton oreille, ta vue, c’est une griffure.

Elle perd le plastique dans la nature
Cette souillure, dans ma belle nature
Je le lui dis, je le lui crie !

Elle s’offusque, elle n’avait pas vu
Nonchalamment, elle rit

A cet instant, tu ne l’aimes plus
C’est terrible et triste,
--tout le monde vit-il ses sentiments ainsi ? –
C’est temporaire aussi.

Tu continues,
Et puis ta bouche de vache qui mâche
Et qui me gâche tout le bruit des vraies vaches !
Tu fulmines, tu n’as plus de limites, c’est le désastre
De ta vie, tu le sais : tout se gâche.

Elle te regarde, au milieu de cette verdure
Hésite entre colère et peine, et dit,
Pardon, je sais que pour toi c’est une grosse griffure.
Elle prend ta main, tu la sens qui tremble.

Alors l’air se tait.
Excuse-moi, c’est moi le déchet, c’est moi la vache,
Tu dis ça sincèrement, tu te sens nulle, tu veux pleurer.

Un temps passe.

Vous marchez toujours.
Les mains, l’une
Au creux de l’autre,
Qui attendent de revoir la surface.

Elles se serrent plus fort, plus proche.
Vos regards se croisent, s’arrêtent.
Alors seulement, vous rigolez
Qu’est-ce qu’on est ridicule
Qu’est-ce qu’on est nulles
Parfois

C’est pas simple aussi, elle dit
Les relations humaines, quel bordel
Parfois, hein ?

Échange d’un regard
Retour de l’hilarité crédule

Heureusement qu’il y a toi, tu dis
La vache ! Heureusement.
Corps à corps familial
C’est la fusion
Les relations mère-fille
Dit-on

Ah bon ?
Je ne savais pas.J’ai une mère,
Je suis une fille
Pourtant, non, je ne savais pas.

C’est drôle
Peut-être parce qu’on
Croie tous à ça,
Alors, ça n’arrive pas.

Elle te crie
Mentir, c’est mal !
Ne mens jamais
   -Aux autres, ça va, tu comprends.
   À elle, ça ne va pas.

Alors quand elle te demande
Tu as vu ma nouvelle robe,
Elle est belle, hein ?
Naïvement, tu réponds
J’avais vu, mais je ne l’aime pas.
Mais elle voulait que tu lui mentes,
Finalement.

C’est ainsi qu’elle à dû
Commencer à te détester.

A lieu dans le feu la fusion.
Au moins, tu penses, a lieu la fusion.
Corps à corps
Peut-on parler de l’absence de corps à corps ? Le père.

Dans La Chronique de l’Atelier de Création Poétiquenous lisons chaque mois un choix des créations de l’Atelier qui travaille cette année autour du thème du corps. Les travaux de l’Atelier aboutissent à un spectacle de mise en voix (et de mise en corps !) des textes.

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