Xenia Hausner (1951 – ), Pure cool.
Pour fêter la rentrée, l’Atelier de Création Poétique de notre faculté présente 5 poèmes par Emma Gouverneur et Juliette Arnaudet, les nouvelles intégrantes de l’Atelier.
Juliette Arnaudet
Émotion passe par
Juliette Arnaudet
Cette enveloppe
Malmenée

La faim de l’été
étincelles du peau à peau au bout d’une danse brûle ton corps dans l’été dire les creux de tes cernes raviver ton sourire tes cicatrices brillent dans l’écho de mon chant ton corps s’arrache à l’invisible esquisse moins timide ta peau prend le parfum des cigales au bout de ma langue
Masques neutres
Corps de plomb Émotion de plomb Dans le corps Quand je tente un geste jusqu’à toi Le feu se propage Crépitement le long de ma colonne vertébrale Émotion bloquée au visage Vulnérabilité de mon corps privé D’une moitié de son âme Émotion passe par Cette enveloppe Malmenée Déconnectée Trop connectée A ton regard Je sens sa crispation dans mes épaules Le souffle court Quand elle se fait violence Pour que tu me voies Mon souffle colle au corps Émotion crée des larmes en moi Agite mes bras Ma tête Mes jambes Corps tout petit naît une première fois A toi Corps tout petit se déroule Être nue, c’est Devenir son masque sauvage Regarder dans tes yeux À travers une autre Elle ressent une boule immense dans mon ventre Elle ne pense à rien Son dos, ses mains, ses pieds m’emmènent Une autre en moi Masque du Cœur Elle habite tous mes gestes En quelques minutes Fébrilité Mains moites Agripper ce corps Elle n’arrive plus à respirer Elle tremble de s’être dévoilée Je sors
Emma Gouverneur
A lieu dans le feu la fusion
Emma Gouverneur
La vache
Elles marchent, ensemble. Elles marchent : aile plus aile. Nous marchons, le sol tremble. La brise caresse vos cheveux, L’hiver vous fait cet aveu Tu profites du bruit de la nature. Lorsqu’elle décide de sortir son Pitch, D’en éventrer le sachet, D’en fourrer le contenu dans son bide. Pour ton oreille, ta vue, c’est une griffure. Elle perd le plastique dans la nature Cette souillure, dans ma belle nature Je le lui dis, je le lui crie ! Elle s’offusque, elle n’avait pas vu Nonchalamment, elle rit A cet instant, tu ne l’aimes plus C’est terrible et triste, --tout le monde vit-il ses sentiments ainsi ? – C’est temporaire aussi. Tu continues, Et puis ta bouche de vache qui mâche Et qui me gâche tout le bruit des vraies vaches ! Tu fulmines, tu n’as plus de limites, c’est le désastre De ta vie, tu le sais : tout se gâche. Elle te regarde, au milieu de cette verdure Hésite entre colère et peine, et dit, Pardon, je sais que pour toi c’est une grosse griffure. Elle prend ta main, tu la sens qui tremble. Alors l’air se tait. Excuse-moi, c’est moi le déchet, c’est moi la vache, Tu dis ça sincèrement, tu te sens nulle, tu veux pleurer. Un temps passe. Vous marchez toujours. Les mains, l’une Au creux de l’autre, Qui attendent de revoir la surface. Elles se serrent plus fort, plus proche. Vos regards se croisent, s’arrêtent. Alors seulement, vous rigolez Qu’est-ce qu’on est ridicule Qu’est-ce qu’on est nulles Parfois C’est pas simple aussi, elle dit Les relations humaines, quel bordel Parfois, hein ? Échange d’un regard Retour de l’hilarité crédule Heureusement qu’il y a toi, tu dis La vache ! Heureusement.

Corps à corps familial
C’est la fusion Les relations mère-fille Dit-on Ah bon ? Je ne savais pas.J’ai une mère, Je suis une fille Pourtant, non, je ne savais pas. C’est drôle Peut-être parce qu’on Croie tous à ça, Alors, ça n’arrive pas. Elle te crie Mentir, c’est mal ! Ne mens jamais -Aux autres, ça va, tu comprends. À elle, ça ne va pas. Alors quand elle te demande Tu as vu ma nouvelle robe, Elle est belle, hein ? Naïvement, tu réponds J’avais vu, mais je ne l’aime pas. Mais elle voulait que tu lui mentes, Finalement. C’est ainsi qu’elle à dû Commencer à te détester. A lieu dans le feu la fusion. Au moins, tu penses, a lieu la fusion.
Corps à corps
Peut-on parler de l’absence de corps à corps ? Le père.
Dans La Chronique de l’Atelier de Création Poétique, nous lisons chaque mois un choix des créations de l’Atelier qui travaille cette année autour du thème du corps. Les travaux de l’Atelier aboutissent à un spectacle de mise en voix (et de mise en corps !) des textes.